Les a priori du dialogue interculturel

Publié le par Tahar Absi

Tahar ABSI, Professeur, Université d’Alger

Les a priori du dialogue interculturel


Le dialogue interculturel, en particulier le dialogue interreligieux, repose sur des a priori comme : l’authenticité des livres saints et la culture libérale qui a permis à l’Europe de profiter des bienfaits de la renaissance pour développer les sciences, les arts, les lettres et les technologies. Les peuples qui ne connaissent cette transition ne participent pas au renouveau de leurs cultures et de leurs civilisations.

Le premier a priori adopté dans le cadre de cette renaissance appelle chacun à apprendre qu’il est contraire à tout esprit scientifique d’affirmer sans preuve qu’il y a une falsification de tel ou tel livre saint. Ceci leur a évité d’engager des polémiques gratuites qui conduisent à des impasses et empêchent le rapprochement des croyants.

Le deuxième a priori porte sur l’ouverture des peuples sur les cultures libérales car certaines sociétés sont maintenues au stade d’ignorance que dénonçaient jadis les penseurs grecs comme Socrate

Le troisième a priori renforce le deuxième en demandant à ceux qui ne connaissent pas les bienfaits de la renaissance européenne de méditer leurs conséquences sur les populations en particulier la libération de l’Homme de l’emprise de la culture traditionnelle. La religion par exemple devient une règle de vie qui permet à l’individu d’entrer en contact avec Dieu. Elle a cessé d’être la propriété privée d’un groupe et un moyen de garder le pouvoir ou une barrière dressée contre la raison humaine. Elle est gérée rationnellement, ce qui a évité son instrumentalisation. Ainsi, la religion a retrouvé son visage humain et sa spiritualité. Les gens ont appris à vivre ensemble malgré leurs différences dans une ambiance démocratique qui prend naissance dans la famille, se développe à l’école et se vit en société.

Le quatrième a priori concerne les citoyens de notre époque soumis au rouleau compresseur de l’évolution et du développement. Nous pouvons analyser le contenu de nos cultures respectives pour extraire les valeurs communes qui transcendent nos différences. Ce cocktail ne remplace pas chaque culture mais donnera à l’ensemble un pouvoir exceptionnel. J’admire Rabea El Adaouia qui chante Dieu dans une ambiance libératrice où chaque partie se sent libre d’aimer sans mesure. C’est à ce niveau de transparence que le dialogue interculturel trouve sa raison d’être. Nous pouvons nous fixer des objectifs et commencer le travail dès maintenant. Voici quelques objectifs :
- Découvrir dans la vie des envoyés de Dieu les valeurs qui rapprochent les Hommes.
- Dissocier Dieu de la violence.
- Donner aux valeurs communes leurs places dans la vie sociale et l’éducation.
- Mettons ensemble les fondements d’une culture commune qui baliseront les pistes de la paix.
- Apprendre aux enfants et aux adultes à chanter ensemble l’hymne de la paix et de la fraternité.
- Mettons en relief les conséquences de l’extrémisme pour éviter que le processus ne se répète.

D’une manière générale, nous pouvons réfléchir aux actions à mener à court, moyen et long terme.

À court terme
- Création de groupes de travail permanents pour planifier les actions à mener.
- Consolider le mouvement pour la paix de manière à le faire admettre par les peuples en renforçant sa présence dans tous les pays.
- Développer les recherches et les écrits en motivant les structures de chaque pays et en encourageant les productions individuelles.
- Solliciter les instances de chaque pays afin d’inclure dans les programmes de leurs institutions culturelles l’idée de lutte pour la paix.

À moyen terme
- Faire l’inventaire des productions qui traitent du sujet de la paix dans le monde pour les vulgariser par le biais de l’information et des séries de conférences adaptées à la culture de chaque pays.
- Regrouper, de temps à autre, les penseurs des religions monothéistes pour consolider les valeurs communes en particulier la paix dans le monde.

À long terme
- Réfléchir à la création de lieux de culte communs aux religions monothéistes.
- Associer à cette action les penseurs des autres religions, en particulier les Bouddhistes.

Conclusion
Les a priori cités donnent à chacun la possibilité de réfléchir à l’efficacité de ce dialogue interculturel en particulier le dialogue religieux.
Nous devons travailler dans la transparence pour ne pas opposer l’Homme à Dieu, ni réduire les religions à des pratiques sans fin mais à une relation de communion où les comportements sont empreints de spontanéité et d’amour. Nous devons méditer l’action de Rabea El Adaouia qui voulait éteindre l’enfer et brûler le paradis pour redonner à notre foi la dimension d’un océan d’amour.

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