Tahar Absi : du CAP au Doctorat d'Etat

Publié le par Rafik Absi

Tahar Absi est un universitaire algérien connu par sa pensée universelle, né le 6 mai 1934 à Adeni (commune d'Irdjen, Kabylie, Algérie) et mort le 6 décembre 2013 à Ivry-sur-Seine (Région Parisienne, France).

Biographie

Ses jeunes années
Il a passé son enfance au village de Adeni, hameau maraboutique ("mrabet" ou "Amrabadh") de Mestiga. Il a été l’élève d’Ali Hammoutène compagnon de Mouloud Feraoun assassinés le 15 mars 1962 par un commando de l'Organisation armée secrète OAS). En parlant d’Ali Hammoutène, il disait « En plus d’enseigner, il créait une ambiance de travail qui rassurait les plus chétifs et les plus pauvres, en encourageant les plus faibles, en se servant des maigres moyens disponibles, il sentait bien que les enfants avaient besoin d’apprendre mais aussi de manger, il milita pour la mise en place d’une modeste cantine scolaire. »[1] À l’école coranique du village, il s’est distingué par sa mémoire et la capacité d’apprendre rapidement les textes. Il a réussi à apprendre l’intégralité du Coran.

Carrière
Autodidacte, il a eu un parcours atypique qui l’a mené du CAP au Doctorat d’Etat.
Il a quitté son village natal pour faire des études au Collège Maahad Ben Badis de Constantine. Malade, il n'a pas pu passer El Ahlia (brevet). Par la suite, il est parti en France. Il a obtenu un CAP de tourneur à Toulouse. Dans les années 57-62, il habite Le Blanc-Mesnil. Il a travaillé comme ajusteur-tourneur dans une usine de mécanique de précision, tout en militant au FLN où il a des fonctions de trésorier. Par la suite, il a travaillé à l'hôpital d'Aulnay-sous-Bois en région parisienne où il côtoie tous les aspects de la vie et de la mort. Il reprend ses études en suivant des cours par correspondance bénéficiant de l’aide de certaines infirmières et médecins, ce qui lui a permis d'obtenir le premier BAC. Après l'indépendance, conformément aux directives du nouveau gouvernement, il rentre en Algérie pour participer au plan de scolarisation; il est affecté comme instituteur à Constantine. Pour poursuivre ses études supérieures, il s’installe à Alger. Il est reçu à au baccalauréat, puis obtient une licence de philosophie. Il devient professeur de philosophie au Lycée El Mokrani à Ben Aknoun à Alger, passionné par la Philosophie antique et les philosophes Socrate, Diogène de Sinope et autres. Après avoir réussi à l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne un Doctorat de troisième cycle en Sciences de l'Éducation, il obtient dans le même domaine un Doctorat d'État à l'Université d'Alger où il est Professeur des Universités en psychologie et sciences de l'éducation jusqu’à sa mort.

Son engagement pour la tolérance et la paix
Il a travaillé sur le thème de la tolérance et de la paix dans les religions monothéistes avec différentes personnalités dont Mgr Henri Teissier archevêque d'Alger [2] [3]. Lors d'une conférence-débat sur les religions monothéistes, il disait : « la tolérance, la négation de soi et l'amour pour le bien sont autant de préceptes qui doivent encourager les uns et les autres à transcender les polémiques anciennes qui visaient à convaincre les adeptes de tel ou tel message divin de la justesse de celui-ci par rapport aux autres. La primauté doit être donnée au contenu par rapport à la forme dans ce genre d'approche des religions». Se référant au livre de saint Augustin La cité de Dieu, il souligne que ce grand penseur algérien était un fervent croyant qui ne cessait de répéter Le salut de l'humanité vient de sa capacité de vivre dans l'harmonie [4] [5]. Pour Tahar Absi, « nous découvrons à travers saint Augustin, son humanisme, les droits de l'homme, la lutte pour la paix, le désir de développer les moyens qui éloignent le spectre de la pauvreté et la hantise des guerres que déclenchent certains individus aux tendances agressives non socialisées». Il insista sur le fait que « la paix et le pardon ne peuvent venir que du cœur.» [6] [7] [8]

Dans un article publié dans le quotidien Liberté le 6 décembre 2014 et intitulé : Tahar Absi : une Algérie du dialogue [9] [10] [11], Mgr Henri Teissier lui a rendu hommage : « En ce six décembre, les amis de Tahar Absi, ancien professeur des sciences de l’éducation à l’université d’Alger II - Bouzaréah, veulent marquer le souvenir de son rappel à Dieu, il y a un an, après une année de lutte contre la maladie. Dans cette période de l’histoire où nous manquons de références, j’aimerais donner vie à la figure de cet humaniste, qui m’honorait de son amitié, mais, surtout, qui travaillait pour le dialogue des groupes et des cultures ... Dans les développements actuels de l’actualité internationale, des oppositions graves apparaissent entre groupes et confessions dans bien des régions du monde. Il pourrait être précieux que les travaux sur le dialogue de ce penseur algérien, qui vient de nous quitter, soient rassemblés et proposés à la méditation de tous».

Président du colloque sur la présence des religions monothéistes en Algérie à travers les âges (janvier 2003, UNESCO, Paris) : Les religions monothéïstes en Algérie au cours des âges : judaïsme, christianisme et islam, dans le cadre de l'année 2003 année de l'Algérie en France, 30 et 31 janvier 2003, au Palais de l'UNESCO à Paris [12] [13]

Responsable de l'équipe Rôle de de la culture des maîtres dans le changement des mentalités du Laboratoire de prévention et d’ergonomie [14] [15][16] [17]

Passionné par son travail, à sa mort il était toujours en poste dans l'enseignement supérieur et n'a donc jamais pris sa retraite [18] [19] [20] [21] [22]

1. ↑ http://www.zohramaldji.fr/wordpress/?p=28831
2. ↑ http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2005/10/13/print-16-29289.php
3. ↑ http://www.cassiciaco.it/navigazione/scriptorium/saggi/teissier.html#_ftn18
4. ↑ http://www.30giorni.it/articoli_id_90_l1.htm
5. ↑ https:/ books.google.fr/books?id=wecM6Qn1o-kC&pg=PA479&lpg=PA479&dq=tahar+absi&source=bl&ots=Qr1k6OiHib&sig=sEZVvEkPf3ZHzz09zxY7OTbzpSU&hl=fr&sa=X&ei=uGyHVKb0B9flauCggYAK&ved=0CC0Q6AEwAzgK#v=onepage&q=tahar%20absi&f=false
6. ↑ http://www.djazairess.com/fr/elwatan/28017
7. ↑ http://www.lesoirdalgerie.com/articles/2005/10/13/article.php?sid=29289&cid=16
8. ↑ http://www.vitaminedz.com/bn-conference-debat-sur-les-religions-monotheistes/Articles_15688_54606_0_1.html
9. ↑ http://www.liberte-algerie.com/contribution/une-algerie-du-dialogue-215423
10. ↑ http://eglise-catholique-algerie.org/articles.php?lng=fr&pg=1099
11. ↑ http://fr.scribd.com/doc/249288124/6-6785-7ba7c9af-pdf#scribd
12. ↑ http://bab.el.oueb.free.fr/luvu/rencontresdebats/religionsalgerie.htm
13. ↑ http://al-djazair.com/articles/Une_Annee_de_l_Algerie_en_France_7.pdf
14. ↑ http://www.prevention-ergonomics.com/fr/repartitionn%20membre.html
15. ↑ http://www.prevention-ergonomics.com/fr/equipe2.html
16. ↑ http://www.khouasweb.123.fr/index.php/blog/lu-dans-la-presse/472-colloque-sur-lechec-scolaire-le-systeme-educatif-remis-en-cause.html
17. ↑ http://www.djazairdvb.biz/forum/showthread.php?63405-Les-causes-de-la-faillite-du-syst%E8me-%E9ducatif-alg%E9rien&p=450250&langid=1
18. ↑ http://www.lexpressiondz.com actualite/8435-quel-islam-pour-quelle-modernite.html
19. ↑ http://blogs.mediapart.fr/edition/les-sequelles-inconnues-de-la-guerre-dalgerie/article/041010/lagonie-psychique-des-anci
20. ↑ http://www.esprit-et-vie.com/breve.php3?id_breve=99
21. ↑ http://assembly.coe.int/ASP/Doc/XrefViewHTML.asp?FileID=11811&Language=fr
22. ↑ http://www.atma-o-jibon.org/italiano4/rit_zanzucchi1.htm

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